La première étape dans la course à la libération : les Yamas. Suivre ces règles morales (valeurs) améliore notre rapport aux autres (mais aussi et surtout à nous-mêmes). Il y a 5 Yamas:
1. Ahimsa – La non-violence
Sutra 2.35: “La non violence stimule des sentiments amicaux autour de nous”
Ce Yama est souvent considéré comme le plus important. Il invite à renoncer à toute violence, physique ou psychologique. Plus encore, on cherche à agir de manière positive à l’égard d’autrui et de nous-mêmes. D’après Patanjali, celui qui vit en paix encourage les autres à en faire de même.
Pratiquer Ahimsa sur le tapis
Tu galères à entrer dans une posture. Aïe t’as mal. Au lieu de prendre le risque de te blesser, appliquer Ahimsa, c’est adapter le mouvement à l’option qui te correspond. Le but du Yoga n’est pas de pouvoir faire toutes les postures, mais de respecter l’intégrité de son corps et ses limites.
Pratiquer Ahimsa hors du tapis
Ahimsa hors du tapis, c’est prendre conscience de ce qui se passe dans notre esprit. Si on est envahi de pensées négatives, on aura beau faire le poirier sur une main, on ne sentira pas plus heureux pour autant. Soyons doux avec nous-mêmes. Les pensées négatives existent, pas besoin de les nier. Par contre au lieu de s’identifier à elles, observons-les avec détachement et bienveillance.
Pratiquer Ahimsa dans l’assiette
La non-violence implique également un respect sans faille pour toute vie, humaine ou animale. Si le végétarisme n’est pas toujours possible, on peut choisir d’où vient ce que l’on consomme et la manière dont nos aliments ont été produits (bio, local, abattage dans le respect de l’animal, élevage non industriel, etc.).
2. Satya – La vérité
Sutra 2.36: “La vérité mène à l’action juste”
“Mentir, c’est mal”. Bien sûr, on sait. Bien plus que “dire la vérité”, il s’agit de la chercher, de l’observer et de la cultiver.
C’EST QUOI LA VÉRITÉ? La vérité en Sanskrit se définit comme “l’essence de chaque chose”, “la pureté immuable”. Reconnaître la vérité n’est pas toujours immédiat, il faut parfois prendre le temps d’observer les choses et s’en distancier. Parfois, quand on est envahis d’émotions, on a tendance à réagir dans l’instant, quitte à regretter plus tard notre réaction. Quoi de moins immuable que les pensées? 65.000 par jour parait-il!
Pratiquer Satya sur le tapis
Sois honnête pendant ton cours de Yoga. Si une posture est trop difficile, choisis l’option simplifiée. L’honnêteté sur le tapis permet de respecter l’intégrité du corps, mais également de limiter les risques de blessures.
Pratiquer Satya hors du tapis
Être honnête, pouvoir s’abstenir, être capable de reconnaître que l’on s’est trompé… Vœu pieux qu’on aimerait pouvoir respecter, mais c’est pas simple. POURQUOI? Parce que souvent, on réagit à des événements sous le coup de l’émotion, dominé par notre Ego.
Avant de réagir à quoi que ce soit, prenons un moment pour observer nos sensations. En prenant de la distance, on permet à notre “vérité” de s’exprimer. Facile à dire, mais avec de la pratique, on y parvient!
3. Asteya – Ne pas voler
Sutra 2.37: “Le fait de ne pas voler nous donne accès à tous les joyaux”
“Voler c’est mal”. Oui on sait, merci. La question à se poser c’est plutôt : pourquoi on vole? On vole pour combler un manque. Je ne parle pas ici des besoins vitaux d’eau ou de nourriture. Mais de ce vide qui subsiste lorsque tous les besoins primaires sont comblés. Ce vide qu’on cherche à tout prix à remplir.
Pratiquer Asteya sur le tapis
T’es de mauvais poil et aujourd’hui la prof ne fait que les Asanas que tu détestes. Et tu boudes bien fort pour que ton mécontentement soit manifeste. Imagine que la meuf devant toi vient peut-être de passer la pire journée de sa vie et que ce cours est son seul moment de réconfort. Va-t-on le lui voler? N’oublions jamais que toutes nos actions ont un impact sur les autres.
pratiquer Asteya hors du tapis
Tu penses que tu seras mieux avec un legging hors de prix? Tu en as déjà 15 mais il t’en faut un nouveau? Je sais de quoi je parle, ça m’arrive tout le temps. Et si au contraire on vidait nos armoires pour faire de la place?
4. Brahmacharya : Célibat ou abstinence
Sutra 2.38 : “La modération donne la bonne l’énergie”
Personne ne va t’empêcher de câliner ton Jules ni ta Juliette. Il est question ici de modération. Brahmacharya se réfère à Brahman, la force toute puissante de l’univers. En pratiquant ce Yama, on se rapproche de cette force absolue. En pratiquant le célibat ou l’abstinence, on évite de gaspiller de l’énergie, ce qui nous rapproche de ce pouvoir suprême. Pas question donc de s’enfermer dans un Ashram, mais bien de faire usage de la juste quantité d’énergie.
Pratiquer Brahmacharya sur le tapis
Aller au cours régulièrement est une bon moyen pour avoir des résultats rapides (moins de stress, plus d’énergie, etc.). Par contre, il est inutile d’en faire trop, au risque de s’en dégoûter. Tout est une question de modération.
Pratiquer Brahmacharya hors du tapis
Qu’est-ce qui gaspille inutilement de l’énergie? Quelles sont les activités qui nous fatiguent et qui ne rapportent aucun bénéfice? Pour ma part (et je sais que je ne suis pas la seule concernée), je perds un temps fou à angoisser sur l’avenir. Dès que j’en prends conscience, je me concentre sur “l’ici et maintenant” en observant ma respiration.
5. Aparigraha : Non convoitise
Sutra 2.39: “Celui qui n’est pas avide est en sécurité et confiant”
On peut traduire Aparigraha comme la non convoitise, mais aussi la non possession ou le non attachement aux biens terrestres.
Fréquemment il me prend une folie consumériste, et je DOIS acheter un nouveau legging. Et puis je me rends compte que j’en ai déjà bien assez. Plus on possède de choses, plus on risque de les perdre. Plus on risque de perdre, plus l’angoisse liée à cette perte est grande.
Aparigraha ne signifie pas de renoncer à tout. Restons conscients que rien de ce que nous pensons posséder n’est réellement à nous. Ni les choses, ni les gens que nous aimons. Et tôt ou tard il faudra s’en séparer.
Pratiquer Aparigraha sur le tapis
Tu luttes depuis des années pour faire le poirier, sans succès. Et il y a cette meuf qui vient pour la première fois et qui y est arrivée du premier coup. Tu la détestes et en même temps tu l’envies terriblement. Bref, tu la jalouses. C’est le moment idéal pour appliquer Aparigraha. Détache-toi de ce sentiment et observe-le avec de la distance. C’est n’est pas le poirier qui te rendra heureux. Exerce-toi à te sentir content pour elle. Peut-être qu’elle souffre terriblement dans d’autres domaines de sa vie et c’est la seule chose qui lui fait du bien.
Pratiquer Aparigraha hors du tapis
Chaque fois que tu sens de la jalousie ou de la convoitise pour quelque chose ou vis-à-vis de quelqu’un, réjouis-toi! C’est le bon moment pour pratiquer le détachement. Profites-en pour observer ce qui se passe en toi. Mais c’est le bon moment également pour faire le point sur tout ce que tu as, au lieu de te focaliser sur ce dont tu as l’impression de manquer. Avec la conscience que tout est en mouvement constant, et que rien n’est éternel.
la suite? le 2e pilier: les Niyamas