Le lâcher-prise, tyrannie des temps moderne
A la moindre difficulté, cette phrase résonne comme une injonction aux accents tyranniques. Avez-vous remarqué que lorsque vous êtes de mauvaise humeur, angoissé ou préoccupé, il y a toujours quelqu’un de bien intentionné pour vous suggérer de lâcher-prise. Moi-même, je prodigue très régulièrement ce conseil à mes proches qui ne sont pas au top.
Mais finalement, pourquoi faut-il à tout prix lâcher-prise? N’a-t-on plus le droit d’aller mal, d’être en colère ou de mauvaise humeur?
C’est quoi lâcher-prise?
Lâcher-prise, c’est accepter que certaines choses ne sont pas sous notre contrôle. Jusque là, ok. Je pense que la plupart d’entre-nous sommes en mesure de comprendre et d’accepter que nous ne sommes pas maîtres de tout, en toute circonstance.
Pour autant, lorsqu’on nous assène de “lâcher-prise“, on nous demande plus que d’accepter que certaines choses nous échappent. En réalité derrière ce conseil, il est attendu de nous de faire comme si ce qui nous préoccupait n’existait pas. Comme si on n’avait pas le droit d’être touché, d’être en colère, ou de se sentir mal sous prétexte qu’on ne peut rien y faire.
Oui, mais toi tu fais du Yoga…
Quand on est Yogi assidu, la pression du lâcher-prise est encore plus forte. C’est comme si la pratique du Yoga nous privait de notre droit de nous sentir mal, d’être de mauvaise humeur ou angoissé. Pourtant n’oublions pas, le Yoga ne rend pas heureux. Il contribue fortement au bonheur, il apporte calme et équilibre, mais pas tous les jours.
Lâcher-prise n’est pas toujours la solution
On rêve tous d’être heureux. Mais malheureusement, il ne suffit pas de vouloir lâcher-prise d’une situation contrariante pour y parvenir. Parfois, ce dont on a besoin au contraire, c’est justement de ne pas lâcher-prise. De s’accrocher à sa souffrance, de se rouler dans sa tristesse et de se terrer dans son désarroi.
Plus encore, ruminer et vivre sa peine peut être le signe que le cerveau fonctionne bien. Certains événements de la vie prennent du temps à être digérés. Tant que la situation ne nous bloque par trop longtemps, ou trop violemment, pourquoi s’imposer de lâcher-prise?
Pour lutter contre la tyrannie du lâcher-prise, vivons pleinement nos douleurs!
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